aristocratiser

⇒ARISTOCRATISER, verbe trans.

I.— Emploi trans.

A.— POL. [L'obj. désigne une pers., une collectivité] Rendre favorable aux intérêts de l'aristocratie :

• 1. ... on sait que la coalition qui porta des mains sacrilèges sur les bases de la constitution, s'occupe avec activité des moyens d'achever son ouvrage; qu'elle domine à la cour, qu'elle gouverne les ministres : vous êtes convenu qu'elle avoit le projet d'étendre encore la puissance ministérielle, et d'aristocratiser la représentation nationale : ...

ROBESPIERRE, Discours, Sur la guerre, t. 8, 1792, p. 78.

B.— [Le compl. désigne une pers. ou un de ses attributs] Rendre fin, distingué, supérieur :

• 2. Il [La Fayette] écrivait en 1799 : « Les uns espèrent que la persécution m'aura un peu aristocratisé ... »

SAINTE-BEUVE, Portraits littér., t. 2, 1844-64, p. 195.

• 3. ... [Whistler] a possédé le don de la distinction suprême, et aristocratisé ses modèles : ...

C. MAUCLAIR, De Watteau à Whistler, 1905, p. 313.

II.— Emploi pronom.

A.— [Le suj. désigne un inanimé] Devenir le fait d'une minorité privilégiée :

• 4. Plus la France se démocratisait, plus sa pensée, son art, sa science semblaient s'aristocratiser. La science, abritée derrière ses idiomes spéciaux, au fond de son sanctuaire, et sous un triple viole, que seuls les initiés avaient le pouvoir d'écarter, était moins accessible qu'au temps de Buffon et des encyclopédistes.

R. ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, p. 978.

B.— [Le suj. désigne une pers. ou une qualité hum.] Prendre des manières propres à l'aristocratie :

• 5. La compagne de Rodolphe était une robuste fille de Normandie, riche et abondante nature dont la rusticité native s'était promptement aristocratisée au milieu des élégances du luxe parisien et d'une vie oisive.

MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, p. 162.

Rem. Ce verbe est signalé comme néol. ds Ac. Compl. 1842, Lar. 19^e, GUÉRIN 1892. QUILLET 1965 le considère comme ,,vx et rare``.

PRONONC. — Seules transcriptions ds LAND. 1834 et DG : à-'-tò-krà-ti-zé (DG).

ÉTYMOL. ET HIST. — Fin XIV^e s. « agir en aristocrate » (ORESME, ap. MEUNIER, Thèse sur Oresme ds GDF. Compl. : Aristocratiser est ouvrer et faire selon aristocratie), attest. isolée; repris au XVIII^e s. : 1791 « gagner à la cause de l'ancien régime », supra ex. 1.

Dér. de aristocratie; suff. -iser.

STAT. — Fréq. abs. littér. :3.

BBG. — DUB. Pol. 1962, p. 62, 166. — FREY 1925, p. 160.

aristocratiser [aʀistɔkʀatize] v. tr.

ÉTYM. Fin XIV^e, repris sous la Révolution; de aristocratie.

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♦ Vx. Rendre aristocrate. — Pron. || S'aristocratiser : devenir aristocrate.

0 Le verbe « aristocratiser » voulut dire (sous la Révolution) : entraîner les gens dans le parti contre-révolutionnaire.

Brunot, Hist. de la langue franç., t. IX, p. 648.

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CONTR. Démocratiser.

Encyclopédie Universelle. 2012.